Atelier philo: Peut-il y avoir de bonnes raisons de désobéir?
Deux événements récents ont mis en avant une notion peu familière pour les élèves : celle de désobéissance civile. Si l’idée de désobéir fait partie de la vie de tous les êtres humains, elle sert souvent de «repoussoir», surtout aux enfants. L’éducation, qu’elle soit familiale ou scolaire, s’appuie en effet généralement sur l’idée qu’obéir est une attitude à apprendre et désobéir une attitude à éviter.
Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, inviter des élèves à réfléchir à la désobéissance est pourtant important. Car si l’éducation est affaire d’émancipation et d’apprentissage de l’autonomie, prendre le temps de la réflexion sur tout ce qui relève des lois, des règles et des limites peut s’avérer précieux.
Cela leur permettra en effet de découvrir la distinction entre l’obéissance et la soumission. Que des lois et des règles structurent notre vie collective, c’est une chose. Qu’on y obéisse aveuglément sans réfléchir à leur bien-fondé en est une autre. Car apprendre l’autonomie, c’est prendre conscience de ce qui fonde les règles, afin qu’elles suscitent notre adhésion, et pas juste notre soumission.
Par cette activité, vous permettrez à vos élèves de soulever des questions essentielles quant à la responsabilité. Pourquoi le respect des règles est un engagement vis-à-vis de soi mais aussi des autres. Pourquoi il est important de donner du sens aux règles pour pouvoir mieux les respecter. Ou encore pourquoi, parfois, certaines causes - ou certaines injustices - pourraient nous pousser à désobéir car les règles en vigueur nous sembleront insuffisantes.
Type de tâche: Atelier philo
Durée approximative: 50 minutes
Déroulement
Lire ce texte et sa suite avec vos élèves. Demandez-leur ensuite de formuler, en petite équipe, une question philosophique sur les règles qui structurent le vivre-ensemble.
Les critères d’une telle question sont simples :
- elle doit être ouverte
- elle n’a pas une seule « bonne » réponse ni de réponse définitive
- elle doit pousser à la réflexion
- elle doit être universelle (autrement dit, concerner tout le monde).
En choisissant une de leurs questions, proposez-leur alors un moment de discussion dont le but n’est pas de trouver la bonne réponse ni de convaincre les autres de penser comme elles ou eux. Mais plutôt de donner du sens, ensemble, à une question complexe.
Voici une liste de questions qui pourraient vous être utiles pour relancer les échanges de vos élèves. Vous n’êtes pas obligé.es de toutes les utiliser évidemment! Vous êtes libres d’en piger quelques-unes, en fonction des directions empruntées avec vos élèves dans la discussion.
En somme, elles sont juste là en cas de besoin, afin d’amener vos élèves à approfondir ou à nuancer leurs réflexions. Mais aussi à prendre conscience qu’ils sont capables de réfléchir et de donner du sens à une question qui les concerne toutes et tous:
- Pourquoi obéit-on aux règles?
- Est-ce toujours facile d’obéir aux règles?
- Existe-t-il des règles auxquelles on obéit sans forcément savoir pourquoi?
- Pourquoi on désobéit parfois aux règles?
- Est-ce difficile de désobéir à certaines règles?
- Existe-t-il des règles auxquelles on désobéit sans forcément savoir pourquoi?
- Y a-t-il de bonnes et de moins bonnes raisons de désobéir?
- Y a-t-il des façons violentes et non-violentes de désobéir?
- Y a-t-il une différence entre obéir et adhérer à une règle?
- Comment ne pas se sentir impuissant face à certaines injustices?
- Quand on veut agir face à certaines injustices, cela peut-il nous amener à désobéir?
- Pourquoi a-t-on parfois de la misère à entendre certaines idées?
- Comment faire entendre certaines idées quand elles ne plaisent pas?
- Est-il possible de faire changer les choses sans déranger personne?
Il y a des très nombreuses parties du programme de CCQ qu’on pourrait relier aux enjeux relevant de la désobéissance. En effet, qu’il s’agisse des questions de valeurs, de vivre-ensemble, d’enjeux existentiels, d’identité ou de dialogue, la liste est longue.
Toutefois, aborder la désobéissance civile, en lien avec les deux événements survenus à Montréal et à Rouyn-Noranda peut être relié à une thématique plus spécifique: celle des relations entre les humains et leur environnement.
6e année: thème Relations entre humains et environnement, sous-thème Transition, élément de contenu Mouvements environnementaux (groupes environnementaux et militantisme, diversité des moyens d'action)
La philo: comment on fait?
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Faire de la philo ce n’est pas juste parler, discuter ou dire ce qu’on pense. Ce n’est pas non plus empiler ou juxtaposer des opinions ou des idées, en prenant un air sérieux. C’est autre chose: il s’agit plutôt d’un dialogue, où on essaie de penser ce qu’on dit. Et pas juste de dire ce qu’on pense!
- Pour penser de façon critique, on peut s’appuyer sur des habiletés de pensée comme: définir les mots dont on parle, donner des exemples et des contre-exemples, mais aussi réfléchir aux conséquences et aux implications de ce qu’on dit.
- D’autres aptitudes sont importantes à développer: reformuler ses idées ou celles des autres (pour s’assurer qu’on se comprend bien), donner des raisons quand on avance une idée, ou encore identifier des critères permettant de classer nos idées et de les distinguer entre elles.
- En philosophie, il est primordial de se méfier des évidences, des réponses toutes faites et des vérités qu’on voudrait nous imposer. On essaie autant que possible de décrypter et de déconstruire les préjugés, les stéréotypes et idées présentées comme «l’évidence», le «gros bon sens» ou «ce que tout le monde sait».
- En philosophie, le but n’est pas de convaincre, mais de comprendre. C’est aussi de comprendre en quoi les sujets dont on parle et les questions qui en découlent nous concernent toutes et tous.
- Une chose essentielle: on découvre petit à petit qu’il est impossible (et heureusement!) d’arriver à des réponses qui sont «bonnes», définitives ou identiques pour chacun. Les réponses deviennent plus comme un horizon vers lequel on tend plutôt que comme un résultat qu’on voudrait obtenir.
Pour aller plus loin, voici consultez nos ressources vidéos «Faire de la philo avec les enfants» et «La philosophie comme moyen d'aborder les sujets sensibles».
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