
Nuit blanche et déchets dangereux
La semaine dernière, les députés québécois ont passé toute une nuit au Parlement. Non, ils ne participaient pas à party pyjama. Pendant 18 heures, ils ont plutôt débattu à propos d’un projet de loi controversé… et qui a finalement été adopté. Cette nouvelle loi force la Ville de Blainville à céder un terrain à une compagnie américaine qui va y enterrer des déchets dangereux. La ville s’inquiète de l’impact sur l’environnement, mais le gouvernement affirme qu'il n’avait pas le choix. Voici ce qu’on sait.
Une poubelle… américaine?
La compagnie américaine Stablex traite les matières dangereuses, comme les sols contaminés et les piles, puis les enterre. À Blainville, au nord de Laval, Stablex se sert déjà d’un grand terrain comme dépotoire. Beaucoup de ces résidus proviennent des États-Unis et d’ailleurs au Québec. Mais l’entreprise commence à manquer de place pour enfouir ses déchets. Elle veut donc pouvoir utiliser un autre terrain à Blainville. Sinon, elle devra arrêter ses activités dans deux ans.
Un environnement menacé

Ce terrain, c’est plusieurs milieux humides précieux où l’on retrouve des animaux menacés, dont des salamandres, des reptiles et des oiseaux. Y construire un dépotoire, ça veut dire raser les arbres et la végétation. Tu peux t’en douter: cela détruira les habitats et affectera les animaux. La ville de Blainville s’y oppose vivement.
Vite, vite
Le 15 avril prochain, une loi qui protège les oiseaux migrateurs entre en vigueur jusqu’au 1er septembre. Conséquence: il sera bientôt interdit de détruire leur habitat à Blainville. Stablex veut donc pouvoir aller sur le terrain le plus rapidement possible pour pouvoir faire ses travaux.
Voici un viréo à tête bleue! C’est l’une des 130 espèces d'oiseaux qui ont été observées sur le terrain que l’entreprise Stablex veut transformer en dépotoire.
Nuit blanche
Le 28 mars, le gouvernement du Québec a adopté une loi qui va forcer Blainville à donner ce terrain à Québec, qui le cédera ensuite à Stablex. En échange, la ville recevra 17 millions de dollars. Pour y parvenir, la CAQ (le parti au pouvoir) a utilisé une procédure spéciale, qu’on appelle «bâillon». Elle permet d’adopter une loi en quelques heures, sans prendre le temps normalement prévu pour l’étudier et la débattre.
Mais les députés des autres partis n’étaient pas d’accord du tout. Ils ont donc passé la nuit à s’opposer au projet, jusqu’au lever du soleil. La loi a ensuite été adoptée. Selon la CAQ, c’est une loi nécessaire pour aider Stablex qui est à l’étroit et pour protéger l’économie du Québec.
Blainville conteste
Dès que la loi a été votée, la Ville de Blainville a décidé de se tourner vers les tribunaux pour empêcher la destruction du terrain. Une manifestation sur place a eu lieu samedi. Le combat autour du dépotoire n’est donc pas fini!
Et toi, si tu le pouvais, que dirais-tu au gouvernement et à l'entreprise Stablex?
D'après des articles d?Alexandre Shields et de François Carabin,