
Connais-tu les langues autochtones et leur poésie?
Kuei! (Bonjour!) Savais-tu qu’aujourd’hui, c’est la Journée nationale des langues autochtones? Il s’agit d’un moment qu’on prend chaque année pour honorer et faire connaître les langues des premiers peuples du Canada.

Andrée Levesque Sioui
Pour l’occasion, j’ai parlé avec Andrée Levesque Sioui. C’est une artiste qui fait partie de la nation huronne-wendat. Elle m’a parlé de son amour pour les langues autochtones. À mon tour de te le transmettre!
L’importance de préserver les langues autochtones
Au Canada, plus de 70 langues autochtones sont encore parlées par les Premières Nations, les Métis et les Inuit. Mais selon l’UNESCO, elles risquent de disparaître si elles ne sont pas protégées.

«Contrairement à beaucoup d’autres langues dans le monde, les langues autochtones n'ont presque pas changé avec le temps, car elles n'ont pas été mélangées avec d'autres langues. Elles sont restées proches de ce qu'elles étaient à l'origine», me raconte Andrée.
Pour elle, parler sa langue, c’est garder vivant tout un monde : ses traditions, sa culture et la façon dont son peuple voit la nature et la vie.
«Nos langues autochtones reflètent notre façon de voir le monde. En langue wendat, par exemple, tous les mots sont au féminin! Pourquoi? Parce qu’autrefois, les femmes étaient au cœur de la société et prenaient les grandes décisions», ajoute-t-elle.
Des langues poétiques
Les langues autochtones racontent aussi des histoires à travers leurs mots. Par exemple, en wendat, «tihchion» signifie "étoile" et «tihchiont» signifie "fraise". Si tu remarques bien, ces mots n’ont qu’une lettre de différence. Ils sont similaires parce qu’ils partagent une histoire: la fraise est considérée comme un fruit venu du ciel, et ses grains, comme des étoiles, sont à l’extérieur du fruit.
Le mot baleine, lui, se dit «tsonnhowänenh» , ce qui se traduit par «qui a une longue vie».
Le mot «ora'wan’», qui signifie tournesol, est un des mots préférés d’Andrée. Il a aussi une signification importante dans la culture wendat. L'huile de tournesol y est utilisée dans un rituel. Afin de rendre hommage à un être important, on lui huilait les cheveux lors des cérémonies sacrées. C’est un geste de gratitude et de connexion avec l’autre.
Comment faire pour garder les langues autochtones vivantes?
De plus en plus, des écoles et organismes autochtones enseignent la langue de leur nation aux enfants. C’est la base de la survie de leurs langages. Selon Andrée, les allochtones devraient aussi s’y intéresser. «Apprenez des mots dans la langue de la nation qui se trouve près de chez vous, intéressez-vous à leur culture, à leurs traditions», propose-t-elle.
Il y a par exemple plusieurs festivals et pow wow au Québec qui offrent l’occasion de rencontrer des membres des communautés autochtones, d’apprendre de leurs coutumes et de célébrer ensemble leur histoire et leurs valeurs.
Extrait du poème Le Festin des Vivants, d’Andrée Levesque Sioui
«Onywawenda’
Les langues autochtones ne sont pas à prendre
Elles sont à apprendre
Pensons à elles
Comme à des êtres vivants
Qu’on veut fréquenter un peu, beaucoup, souvent
Savoir ce qu’elles voient
Ce qu’elles ont à dire»
Toi, connais-tu des mots autochtones? Aimerais-tu qu’on t’en apprenne à l’école?