Dire au revoir à Kim
Aujourd’hui, je suis fragile. Je travaille, je souris, mais j’ai aussi de la peine. Hier, une personne qui comptait énormément pour moi est décédée. Tu as peut-être entendu son nom, un nom russe un peu compliqué, qui sonne comme une tempête de neige: Kim Yaroshevskaya.
C’était une comédienne célèbre, très aimée. Tes parents, et même tes grands-parents, la connaissent probablement. Je suis certaine que si tu leur en parles, ils auront le même sourire triste que moi aujourd’hui. Parce que même si Kim a vécu une très longue vie, de 101 ans, on aurait aimé qu’elle soit éternelle.
La poupée Fanfreluche
Pour beaucoup d’adultes qui pleurent Kim depuis hier, elle portait un autre drôle de nom: Fanfreluche. C’est le nom du personnage qu’elle a créé et qu’elle incarnait dans une émission de télévision pour enfants, à partir des années 1960. Fanfreluche, c’était une poupée intrépide et espiègle, qui avait le pouvoir d’entrer dans son grand livre de contes pour changer le cours de l’histoire quand celle-ci ne lui plaisait pas.
La Belle au bois dormant allait se piquer le doigt et s’endormir pendant 100 ans? Pas question, Fanfreluche s’interposait! Hansel et Gretel allaient être faits prisonniers par une sorcière? La voilà qui prenait leur place! Ces histoires merveilleuses, peuplées de châteaux, de reines et d’animaux ensorcelés, ont passionné les enfants. La chanson de l’émission te fera entendre sa jolie voix, inimitable:
Plus tard, elle a incarné Grand-Mère dans Passe-Partout. Tu ne le savais peut-être pas, mais cette émission a d’abord existé dans les années 1970, avec d’autres comédiens que ceux que tu connais. Cette fois encore, elle a fait rêver toute une génération d’enfants avec ses histoires.
Mais pour moi, son plus beau rôle n’était ni Fanfreluche, ni Grand-mère, ni ceux qu’elle a incarnés au théâtre au fil de sa longue carrière. Pour moi, son plus beau rôle, c’était celui de marraine.
J’ai eu cette grande, cette immense chance, d’avoir Kim pour marraine. Ou comme j’aime le dire: comme fée marraine. Nous étions très proches, et nous nous aimions énormément. Ce lien très fort nous a toujours unies, jusqu’à la fin.
Nous avons pu nous dire au revoir, dans la douceur. Les «Je t’aime» chuchotés de ce moment précieux m’ont rempli le cœur.
Alors même si ma peine est grande aujourd’hui, j’aime me rappeler l’essentiel: l’amour que j’ai reçu d’elle, lors de tous ces moments que nous avons passés ensemble, complices. Et je me répète, à moi-même: quelle grande chance j’ai eue.